Je t’aime, moi non plus

Linda Charvoz, Docteur en psychologie, analyse le rôle du récit dans la perception du couple

Depuis les temps bibliques, le couple parle de soi en se définissant comme une identité construite par un récit commun. Ou pas, et c’est là où l’histoire commence. Car lorsque la perception du monde et la réaction à celui-ci divergent, le couple craint inconsciemment que son unité, sa communauté d’intérêts, son identité s’effritent. Si, en citant Rimbaud, « Je est un autre » que faire si l’autre n’est pas moi ? Ainsi, à travers la technique des récits de vie, Linda Charvoz sonde le langage intime du couple, les notions de JE et de NOUS utilisées pour se décrire qui révèlent ce qui, en psychologie, prend le nom d’identité relationnelle. Les élément de langage sont révélateurs : Adam disait-il « ma côte » pour raconter la naissance de l’espèce humaine ou utilisait-il le nous pour évoquer sa vie avec Ève ? Le couple peut ainsi choisir d’être l’Hydre de Lerne, un corps et plusieurs têtes qui pensent la même chose, ou deux individus avec chacun sa propre histoire marchant ensemble vers un horizon commun.